Programmation 2024
25 Mai / 7 Juillet 2024
Artistes invités : Philmari Rojouan et Benoit Rondot
La tradition est maintenant bien établie : tous les ans, à Vertou, domaine Les Trois Toits, Cécile Perraud et Vincent Barbier ouvrent les portes de leur chai à la création contemporaine. Ils invitent des plasticiens à découvrir et s’approprier leur espace de travail : une véritable connivence artistique et humaine.
Après avoir montré les sculptures d’Olivier Frémont, les photographies d’Alice Guilbault, les « installations » de Chantal Loriot-Mélia … ils révèlent désormais les productions récentes de deux peintres qui partagent la gageure d’un tel échange : Philmari Rojouan et Benoit Rondot. Tous deux appartiennent à cette génération d’artistes qui ont commencé à se faire connaître dans les années 1980/90. Ils ont continué leur chemin.
PHILMARI ROJOUAN
Philmari Rojouan est né à Nantes en 1953 mais c’est dans les Ecoles des Beaux-Arts de Marseille puis de Montpellier qu’il découvrit « un vrai bonheur de peindre », sensation qu’il n’a jamais cessé d’éprouver en utilisant les moyens de toujours : huile, toile, châssis, pinceaux, brosses…Tout simplement. Il s’inscrit ainsi techniquement dans la tradition d’un métier mais il n’a pas fait le choix de la figuration. Ses œuvres n’ont pas de titre : l’acte de peindre est le sujet même de l’œuvre. Mais, au bout du compte, l’artiste révèle toujours une part de lui-même.
Philmari Rojouan a un talent généreux et un tempérament naturellement porté à l’effusion mais on devine qu’il se contient pour ne pas succomber à la pure et séduisante beauté du geste. Il doit « composer ». Cette expression retenue donne du caractère et de la noblesse à ses œuvres. Philmari Rojouan a délibérément réduit les éléments de son langage à quelques composants plastiques qu’il utilise de façon récurrente (lignes, spirales, cœurs, triangles…) et qu’il avoue se plaire « à perturber l’existence en des jeux infiniment variables : écrire, raturer, effacer, confirmer… ».
Pour Philmari Rojouan la couleur joue un rôle évident et il a une manière très personnelle d’en faire usage : elle ne remplit jamais une forme, elle prend forme et s’insinue jusqu’au moment où tout semble organiquement en place. Mais le tableau n’est jamais totalement achevé : il interroge celui qui le regarde.
Philmari Rojouan nous livre les clés d’un monde qu’il a passionnément et patiemment construit.
BENOIT RONDOT
Benoit Rondot est né en 1962 à Morlaix. Diplômé de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nantes, il se fit très tôt remarquer en proposant une approche originale de la figuration, une présence nouvelle des objets dans la peinture. Il adopte à sa manière Le parti pris des choses. Une appréhension sensible et poétique de l’ordinaire.
Souvent, ce que nous aimons chez un artiste c’est la part d’enfance qu’il révèle de nous-mêmes. Avec Benoit Rondot, nous retrouvons le bonheur que nous avions à constituer des collections, à décider consciencieusement du mode de présentation de nos petits trésors. Mais chez lui cette passion prend d’autres proportions… C’est précisément ce qui rend intéressante sa démarche artistique parce qu’il y a incontestablement une portée esthétique dans le principe de répétition : un rythme régulier parfois perturbé par quelques « accidents » qui apportent du charme à l’ensemble.
Benoit Rondot est depuis longtemps fasciné par les objets industriels qui présentent visuellement cette caractéristique. C’est pour cette raison qu’il aime les illustrations des anciens catalogues de fabrication mécanique ou électrique. Il a ainsi méthodiquement accumulé et classé un nombre considérable d’images. Ces planches lui servent à réaliser de grands tableaux. Surtout pas de copies conformes. L’artiste fait preuve d’une grande habilité, d’une grande méticulosité mais aussi d’une grande tendresse dans l’interprétation de ses modèles. Il magnifie leprosaïque sansvainedémonstration de savoir-faire. Il a produit ainsi de multiples « machines », ne se livrant jamais à une restitution servile ou objective de la réalité.
Pour Benoit Rondot la technique ouvre les portes de l’imagination et du rêve.
Vincent Rousseau
Conservateur en chef du patrimoine